Les questions ouvertes sont puissantes. Elles donnent accès au contexte, aux motivations, aux freins, aux nuances. Mais mal posées, elles produisent des réponses vagues, difficiles à comparer et donc impossibles à exploiter.
Il y a un piège courant quand on veut "aider" les répondants : donner des exemples dans la question. C’est souvent contre-productif. L’exemple oriente la réponse, réduit la diversité, et injecte votre propre vocabulaire dans les données. Si l’objectif est d’analyser honnêtement ce que les personnes disent, il faut éviter de suggérer le fond.
Cet article vous donne une méthode simple pour écrire des questions ouvertes qui génèrent des réponses comparables, utiles, et directement actionnables pour constituer des groupes pertinents, améliorer un onboarding ou un dispositif RH.
Une question ouverte échoue quand elle est :
Trop large
Trop abstraite
Impossible à comparer d’une personne à l’autre
Orientée "image de soi" (biais de désirabilité sociale)
Formulée sans penser à l’exploitation derrière
Le problème n’est pas l’ouverture. Le problème, c’est l’absence de structure.
Si une question mesure plusieurs choses à la fois, chacun répond à sa manière, dans son ordre. Vous perdez la comparabilité.
Vous voulez guider la qualité de la réponse, pas son contenu.
À privilégier : Une contrainte de récence ("la dernière fois"), de structure ("contexte, action, résultat"), ou de longueur ("3 à 6 phrases").
À éviter : Les exemples de situations qui induisent une "bonne réponse".
Les opinions seules sont difficiles à exploiter. Les faits sont comparables.
Les questions "Quels sont vos points forts ?" invitent à se survendre. À la place, posez des questions comportementales concrètes :
Comment la personne s’organise-t-elle ?
Comment réagit-elle face à un blocage ?
Ce qui lui fait perdre du temps concrètement.
Avant de publier votre questionnaire, décidez ce que vous voulez optimiser :
Groupes homogènes : Pour faciliter l’apprentissage et limiter les écarts.
Groupes complémentaires : Pour couvrir des forces différentes.
Vous pouvez coller ce gabarit sous certaines questions (en consigne) pour structurer sans suggérer.
Contexte :
Ce que j’ai fait :
Résultat :
Ce qui m’aurait aidé :
Objectif : Comprendre objectifs, freins, rythme, conditions de réussite.
Objectif concret : "Dans quelques semaines, qu’est-ce que tu veux être capable de faire concrètement grâce à cette formation ? Décris le résultat attendu en 3 à 6 phrases."
Contexte d’usage : "Dans quel contexte vas-tu utiliser ce que tu apprends ? Décris la situation, le cadre et les contraintes, en restant factuel."
Blocage principal : "Quel est ton blocage principal aujourd’hui sur ce sujet ? Décris précisément ce qui te bloque, sans généralités."
Dernière occurrence : "Quand ce blocage s’est-il manifesté pour la dernière fois ? Décris la situation avec : contexte, action, résultat."
Stratégie de déblocage : "Quand tu es bloqué, quelle est ta première réaction ? Décris la séquence de ce que tu fais, en 4 à 8 lignes."
Rythme et contraintes : "Quel rythme réaliste peux-tu tenir, et quelles contraintes peuvent te freiner ? Réponds en listant 3 points maximum."
Objectif : Collaboration, attentes, irritants, communication.
Collaboration qui fonctionne : "Qu’est-ce qui fait qu’une collaboration se passe bien pour toi ? Réponds en 5 points maximum, avec une phrase factuelle par point."
Collaboration qui déraille : "Quels sont les signaux qui annoncent qu’une collaboration va mal se passer ? Liste 3 à 5 signaux."
Communication importante : "Quand un sujet est important, comment préfères-tu que l’information circule (canal, fréquence, niveau de détail) ?"
Feedback utile : "Qu’est-ce qu’un feedback utile pour toi ? Donne les caractéristiques d’un feedback qui t’aide à progresser : forme, moment, précision."
Irritants : "Qu’est-ce qui te fait perdre le plus de temps en équipe aujourd’hui ? Décris le problème et ses conséquences concrètes."
Conditions de performance : "Dans quelles conditions tu travailles le mieux (cadre, autonomie, objectifs, niveau d’ambiguïté) ?"
Vous cherchez à réduire les écarts pour faciliter l’apprentissage.
Vous cherchez à couvrir des forces différentes.
Une bonne question ouverte n’est pas une question "libre". C’est une question qui laisse le fond libre, mais qui structure la réponse pour la rendre exploitable. En évitant les exemples dans la question et en imposant une structure neutre, vous obtenez des réponses authentiques.
Une fois collectée, cette donnée de haute qualité devient le carburant de l'analyse Harmate, vous permettant de constituer des équipes cohérentes tout en gardant le contrôle sur les critères que vous voulez optimiser.