Questions ouvertes : obtenir des réponses exploitables sans biaiser

L'Art de la Question Ouverte : Comment obtenir de la donnée exploitable (sans biaiser les réponses)

Les questions ouvertes sont puissantes. Elles donnent accès au contexte, aux motivations, aux freins, aux nuances. Mais mal posées, elles produisent des réponses vagues, difficiles à comparer et donc impossibles à exploiter.

Il y a un piège courant quand on veut "aider" les répondants : donner des exemples dans la question. C’est souvent contre-productif. L’exemple oriente la réponse, réduit la diversité, et injecte votre propre vocabulaire dans les données. Si l’objectif est d’analyser honnêtement ce que les personnes disent, il faut éviter de suggérer le fond.

Cet article vous donne une méthode simple pour écrire des questions ouvertes qui génèrent des réponses comparables, utiles, et directement actionnables pour constituer des groupes pertinents, améliorer un onboarding ou un dispositif RH.

Pourquoi les questions ouvertes échouent le plus souvent

Une question ouverte échoue quand elle est :

  • Trop large

  • Trop abstraite

  • Impossible à comparer d’une personne à l’autre

  • Orientée "image de soi" (biais de désirabilité sociale)

  • Formulée sans penser à l’exploitation derrière

Le problème n’est pas l’ouverture. Le problème, c’est l’absence de structure.

La méthode en 5 règles pour des réponses exploitables

1. Une question, une seule dimension

Si une question mesure plusieurs choses à la fois, chacun répond à sa manière, dans son ordre. Vous perdez la comparabilité.

  • Objectif : Une dimension par question, clairement identifiable.

2. Contraindre la forme, jamais le fond

Vous voulez guider la qualité de la réponse, pas son contenu.

  • À privilégier : Une contrainte de récence ("la dernière fois"), de structure ("contexte, action, résultat"), ou de longueur ("3 à 6 phrases").

  • À éviter : Les exemples de situations qui induisent une "bonne réponse".

3. Demander des faits avant les opinions

Les opinions seules sont difficiles à exploiter. Les faits sont comparables.

  • Structure efficace : Contexte -> Action -> Résultat -> Ce qui a manqué.

4. Réduire l’effet "Je me présente sous mon meilleur jour"

Les questions "Quels sont vos points forts ?" invitent à se survendre. À la place, posez des questions comportementales concrètes :

  • Comment la personne s’organise-t-elle ?

  • Comment réagit-elle face à un blocage ?

  • Ce qui lui fait perdre du temps concrètement.

5. Écrire en pensant à l’exploitation

Avant de publier votre questionnaire, décidez ce que vous voulez optimiser :

  • Groupes homogènes : Pour faciliter l’apprentissage et limiter les écarts.

  • Groupes complémentaires : Pour couvrir des forces différentes.

Le gabarit de réponse universel

Vous pouvez coller ce gabarit sous certaines questions (en consigne) pour structurer sans suggérer.

Contexte :

Ce que j’ai fait :

Résultat :

Ce qui m’aurait aidé :

12 questions prêtes à copier (sans exemples)

Pack Formation

Objectif : Comprendre objectifs, freins, rythme, conditions de réussite.

  1. Objectif concret : "Dans quelques semaines, qu’est-ce que tu veux être capable de faire concrètement grâce à cette formation ? Décris le résultat attendu en 3 à 6 phrases."

  2. Contexte d’usage : "Dans quel contexte vas-tu utiliser ce que tu apprends ? Décris la situation, le cadre et les contraintes, en restant factuel."

  3. Blocage principal : "Quel est ton blocage principal aujourd’hui sur ce sujet ? Décris précisément ce qui te bloque, sans généralités."

  4. Dernière occurrence : "Quand ce blocage s’est-il manifesté pour la dernière fois ? Décris la situation avec : contexte, action, résultat."

  5. Stratégie de déblocage : "Quand tu es bloqué, quelle est ta première réaction ? Décris la séquence de ce que tu fais, en 4 à 8 lignes."

  6. Rythme et contraintes : "Quel rythme réaliste peux-tu tenir, et quelles contraintes peuvent te freiner ? Réponds en listant 3 points maximum."

Pack Équipe / RH

Objectif : Collaboration, attentes, irritants, communication.

  1. Collaboration qui fonctionne : "Qu’est-ce qui fait qu’une collaboration se passe bien pour toi ? Réponds en 5 points maximum, avec une phrase factuelle par point."

  2. Collaboration qui déraille : "Quels sont les signaux qui annoncent qu’une collaboration va mal se passer ? Liste 3 à 5 signaux."

  3. Communication importante : "Quand un sujet est important, comment préfères-tu que l’information circule (canal, fréquence, niveau de détail) ?"

  4. Feedback utile : "Qu’est-ce qu’un feedback utile pour toi ? Donne les caractéristiques d’un feedback qui t’aide à progresser : forme, moment, précision."

  5. Irritants : "Qu’est-ce qui te fait perdre le plus de temps en équipe aujourd’hui ? Décris le problème et ses conséquences concrètes."

  6. Conditions de performance : "Dans quelles conditions tu travailles le mieux (cadre, autonomie, objectifs, niveau d’ambiguïté) ?"

Exploiter les réponses pour former de meilleurs groupes

Former des groupes homogènes

Vous cherchez à réduire les écarts pour faciliter l’apprentissage.

  • Signaux utiles : Objectifs proches, contraintes de rythme compatibles, types de freins similaires.

Former des groupes complémentaires

Vous cherchez à couvrir des forces différentes.

  • Signaux utiles : Stratégies de résolution différentes, préférences de communication compatibles, profils "Cadreurs" vs "Explorateurs".

Conclusion

Une bonne question ouverte n’est pas une question "libre". C’est une question qui laisse le fond libre, mais qui structure la réponse pour la rendre exploitable. En évitant les exemples dans la question et en imposant une structure neutre, vous obtenez des réponses authentiques.

Une fois collectée, cette donnée de haute qualité devient le carburant de l'analyse Harmate, vous permettant de constituer des équipes cohérentes tout en gardant le contrôle sur les critères que vous voulez optimiser.